Les Flammes Eternelles du Temple

La neige tombe à gros flocons depuis des jours déjà et recouvre d'un superbe manteau adamantin les cimes de la foret de Passoval mais aussi le Temple lui-même et ses jardins. La roseraie forme des taches de couleurs surplombées de dômes blancs, des allées sont dégagées trois ou quatre fois par jour devant le parvis et sur la promenade qui entoure le Temple. Certains râlent, d'autres s'émerveillent. C'est la saison des licornes de neige et des Shalioshas. Tara est consciencieusement occupée à façonner une corne de licorne en tassant la neige en forme de cône fin entre ses moufles quand Sila lui lance une boule de neige. Tara se retourne vers elle dans une envolée de cheveux flamboyants et de regard perçant : - Attention, tu as failli me faire lâcher la corne de Talyna ! Sila porte sa main gantée à sa bouche, confuse : - Oh excuse-moi Tara, je n'avais pas vu. Tara hausse les épaules puis sourit à son amie et lui dit : - Viens m'aider à la finir ! Les deux fillette

La Province de Passoval est belle, incontestablement belle. Ses reliefs et son climat en font une zone contrastée et l'Ermite ne s'est jamais lassé d'y vivre et d'en contempler les merveilles. Tandis qu'il commence à sentir la fraîcheur de l'air et la montée en altitude, imperceptible sous ses pieds, mais sensible à l'expérience du randonneur chevronné qu'il est, il admire la végétation qui change, les arbres plus proches, plus denses, plus verts, et les villages qui s'espacent de plus en plus. Au bout de cette ascension, il sait ce qui l'attend, un retour à la « maison », il sait qu'il en sentira l'énergie à 10 km, bien avant de voir le sommet de la Pyramide se détachant sur le ciel bleu, bien avant de voir les panneaux qui indiquent le chemin, bien avant de repérer les cars de touristes qui s'y rendent en visite, bien avant de reconnaître les pèlerins qui cheminent à pied jusqu'à leur destination et qui se recueillent devant le

Sebastian est assis en lotus sur un banc des terrasses qui bordent les serres, tout en haut du Temple. Il a les yeux fermés et les mains posées en OM sur les genoux. Suria lui fait face et malgré la douceur de l’après-midi d'automne, Sebastian sent sa chaleur sur son visage. Ils dialoguent. - OM Suria - OM Sebastian Naturellement, Suria ne s'exprime pas par des mots distincts mais par des images mentales traduites par l'esprit de Sebastian et l'habitude du dialogue avec Suria. - Comment allez-vous ? Sebastian ressent une sensation de chaleur accrue, de flamboyance, en clair l'astre du jour va bien ! - Qu'est-ce que l'Amour-Force pour vous Seigneur Suria ? Sebastian sent son cœur s'emballer, une sensation de chaleur s'empare de lui, il a l'impression que son cœur se liquéfie et tout prend une teinte dorée derrière ses paupières closes. Cela porte un nom, Sebastian a déjà entendu des Hiérophantes en discuter entre eux, c'est la connexion avec l

« OM Seigneur Mouattib, nous sommes en approche du Domaine de Passoval, nous atterrirons d’ici 20 minutes ». Sméthavie peut ressentir, en coupant l’intercom, le pouce levé de son unique passager, sans avoir besoin de se retourner, ni attendre la réponse audio de ce dernier. Elle prend toujours un soin extrême à anticiper les mouvements trop brusques de l’appareil, envisageant les conditions exactes de la poursuite de sa route quelques secondes à l’avance, comme par une vision, une sensation anticipée, une forme certaine et fiable de précognition lui permettant de déjouer les caprices du vent et les effets de la granulosité des masses d’air. Le Hiérodarque apprécie très peu les déplacements en général, et plus encore lorsqu’ils sont aériens. L’inconfort de la suspension dans l’air lui était venu quelques années auparavant, alors que dans sa jeunesse il n’aspirait qu’à ressentir la liberté du vol, quel qu’en soit le moyen. Sméthavie est une des rares Tvish Implantées, contrairement à s

Occasionnellement, il arrive à Suratiel dans le très vaste cadre de ses activités de Guilde Jaune de s'occuper non pas des minéraux, des végétaux ou des animaux mais des humains et plus spécifiquement des enfants. Il revient à la Guilde Jaune d'établir un tour pour occuper et encadrer les enfants des Archalchimistes résidant au Temple ou de passage. Cette mission est généralement assumée par des Archalchimistes moins gradés que Suratiel, mais à la différence de Frères ou Sœurs de sa Guilde qui s'en acquittent en traînant parfois des pieds, lui aime la compagnie des enfants qui lui apportent une forme de légèreté d'esprit et de cœur et il se ressource auprès de leur gaieté naturelle et de la Joie Causale qu'ils expriment. C'est pourquoi il a déjà le sourire aux lèvres en prenant le passage piéton sous le pont de la Tour conduisant à la roseraie ou il sait que le groupe de 25 ou 30 enfants de moins de 10 ans l’attend impatiemment.   Dès qu'ils l’aperçoivent il

Chaque jour de la semaine, Victor a espéré revoir l'Archalchimiste en blanc qui l'a tant intrigué. Arrivé au dernier jour, tandis qu'il enjambe la rambarde de la nacelle pour s'élever dans les airs face aux vitraux des terrasses, Victor est résigné. Le Temple est immense, compte des centaines d'Archalchimistes dont certains ne sont qu'occasionnellement de passage, il a à peu près autant de chances de revoir l'homme chauve aux yeux bleus que de recevoir l'Initiation ! La pensée incongrue l'amuse et il esquisse un demi sourire en contemplant les nuages danser dans les vitres face à lui. Le hasard des rencontres recèle sa propre magie, Victor est heureux d'avoir croisé cet homme inspiré et inspirant. Chassant alors la pensée de son esprit, il se plonge dans son travail. Les bulles de savon irisées dansent autour de lui tandis qu'il commence la partie supérieure et plus ouvragée et délicate à nettoyer du vitrail. Une voix le surprend tout à coup